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Contexte

Après plusieurs années de défense des droits des femmes dans le secteur extractif, WIM Sénégal, avec l’appui d’OSF Africa (ex OSIWA), a initié en 2020 une étude de faisabilité d’un indice genre dans le secteur extractif au Sénégal. Les résultats obtenus à l’issue de cette étude ont permis de développer et de mesurer en 2023 l’indice genre pour les données de l’année 2021 retenue comme année de référence. L’indice genre WIM Index vise à documenter de manière rigoureuse les inégalités de genre dans le secteur extractif afin de permettre aux décideurs de prendre des décisions éclairées et aux organisations de la société civile, aux communautés impactées et médias de disposer d’une base scientifique pour argumenter le plaidoyer, une communication pour le changement social et comportemental mais aussi pour alimenter le débat public. L’étude porte sur la région de Kédougou mais les données et les résultats des dimensions gouvernance et formation concernant le niveau national.

Méthodologie

L’Indice WIM Index mesure l’intégration du genre dans le secteur minier au Sénégal sur la base de cinq (5) dimensions, comprenant 17 composantes, 22 indicateurs et 27 variables factuelles. Les dimensions sont relatives à la gouvernance, l’emploi formel, l’entreprenariat, l’impact socio-économique sur les communautés hôtes et l’artisanat minier. L’indice global est calculé en utilisant la moyenne arithmétique simple des cinq dimensions et les dimensions sont calculées avec une moyenne arithmétique des composantes. La recherche pour WIM INDEX est basée sur une méthode mixte. Ainsi, la méthode quantitative a mesuré les indicateurs et déterminé les scores de l’indice tandis que la méthode qualitative a documenté et expliqué les facteurs d’exclusion des femmes dans le secteur minier. 

Les données de l’indice ont été principalement collectées à travers une mission d’enquêtes quantitatives et deux missions d’études qualitatives dans les cinq (5) communes impactées par les activités minières de la région de Kédougou. Elles ont été complétées par une enquête auprès des écoles et instituts de formation aux métiers des industries extractives, des données de l’ITIE pour l’année 2021 ainsi que des interviews avec des informateurs clés au niveau national. 

L’interprétation des résultats de l’indice se fait comme suit: une valeur de 100 équivaut à la situation sans discrimination, ni inégalités pour les femmes, tandis qu’une valeur de 0 indique la situation la plus défavorable possible pour les femmes.

Les conclusions générales de l’étude - messages clés

L’enquête de l’indice et l’étude sur les inégalités de genre et les facteurs d’exclusion des femmes du secteur minier dans la région de Kédougou a abouti aux conclusions présentées ci-après. 

  • Le secteur minier à Kédougou est encore loin de garantir une égalité entre les hommes et les femmes en ce qui concerne les opportunités, l’accès et le contrôle des ressources et l’environnement du travail. Le score global faible de 44/100 reflète de fortes inégalités au détriment des femmes. Les hommes dominent le secteur des mines et captent la valeur alors que les femmes, elles, se contentent des “résidus”. 
  • Les femmes sont généralement laissées en rade dans la gouvernance du secteur minier. Les politiques publiques ignorent les besoins et les droits spécifiques des femmes et ne leur offrent pas assez d’espace et de poids dans les prises de décision concernant le secteur minier. 
  • Les femmes peinent à accéder aux emplois salariés du secteur extractif et à progresser dans un environnement insécure et dominé par les hommes. Les entreprises minières ne prennent pas suffisamment en compte les besoins spécifiques et intérêts stratégiques des femmes dans leur environnement de travail et leur gestion des ressources humaines. 
  • L’entreprenariat dans le secteur minier laisse apparaître un rapport d’opportunités très défavorable aux femmes entrepreneures. Les entreprises de femmes ne captent presque pas des marchés publics locaux et elles sont peu présentes dans le segment des grands marchés des entreprises minières accordés aux entreprises régionales ou nationales. 
  • Les impacts de l’exploitation minière sont différemment ressentis par les hommes et les femmes. Les femmes semblent être plus exposées aux risques sanitaires, sécuritaires et environnementaux alors qu’elles ont peu ou pas de contrôle et elles captent moins les retombées économiques et sociales des opportunités des mines artisanales “orpaillage”. 
  • Les investissements des collectivités territoriales et des entreprises très peu sensibles au genre creusent les inégalités de pouvoir, de contrôle et d’accès aux services sociaux de base au profit des hommes. 
  • Les femmes subissent une injustice dans la distribution des revenus et les conditions de travail de la mine artisanale. Les femmes mettent en jeu leur santé physique et mentale pour espérer gagner des miettes. 

Figure 1 : Résultat WIM Index 2021 des cinq dimensions Source: Données WIM Index, 2021 

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