Des conditions de travail dans les mines artisanales moins favorables et qui offrent moins de revenus aux femmes
- Défaillant (0-19)
- Médiocre (20-39)
- Faible (40-59)
- Insuffisant (60-79)
- Satisfaisant (80-100)
- Écart
Le score de l’indice est réparti en cinq (5) catégories de classement
59
Mines artisanales
No Data Found
75
Travail des enfants
No Data Found
66
Revenu de l’orpaillage
No Data Found
37
Conditions de travail
No Data Found
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- Seules 37% des femmes du secteur de la mine artisanale perçoivent le secteur comme un espace sûr (sans VBG).
- La répartition des revenus entre les hommes et les femmes est satisfaisante.
- Le travail des enfants dans les mines touche aussi bien les garçons que les filles bien que les filles soient un plus exposées relativement aux garçons.
Des conditions de travail dans les mines artisanales moins favorables et qui offrent moins de revenus aux femmes. Pour gagner des miettes, les femmes mettent en jeu leur santé physique et mentale.
Le score de 59/100 (Faible) met en évidence des femmes qui subissent une injustice dans la distribution des revenus et les conditions de travail dans la mine artisanale.

L’exploitation minière, une pratique devenue culturelle
L’orpaillage est fortement ancré dans la culture locale. Il est perçu plus comme une activité culturelle qu’une activité économique. Ce qui explique le nombre élevé d’heures que les populations consacrent aux activités minières. En effet, 60% de la population féminine active y travaillent contre 20% dans le commerce et seulement 14% dans l’agriculture et le maraîchage. Il est donc clair que le secteur minier prédomine en tant que principale occupation des femmes. Par ailleurs, 56% des femmes qui travaillent dans les exploitations minières y passent 5 à 8 heures par jour tandis que 40% y passent 9 heures ou plus.
Des femmes avec un pouvoir de décision presque inexistant
Avec une valeur d’indice de 59/100, le secteur de la mine artisanale présente des inégalités de genre en faveur des hommes dans toutes les trois composantes considérées. Les communautés minières sont souvent imprégnées de mythes et de croyances mystico-religieuses préjudiciables aux femmes et propulsant les hommes aux postes de responsabilité et d’autorité. Au niveau communautaire, les décisions stratégiques sont souvent prises par le chef de village (jurutugu) et certains notables, avec une participation limitée des femmes. Dans l’orpaillage, les hommes et les femmes sont soumis à l’autorité du juratigi (chef de site d’orpaillage) qui a le pouvoir de décider de l’organisation et de la gestion du site. Les juratigi sont systématiquement des hommes. Une seule femme porte ce titre dans toute la région minière de Kédougou et cela découlerait de considération mystique et non d’un leadership féminin reconnu.

Des femmes qui sentent l’insécurité dans les “jura” et la vivent dans la communauté
La composante relative aux conditions de travail est à 37/100, ce qui traduit de pires conditions de travail pour les femmes où seule une (1) sur trois (3) perçoit les sites d’orpaillage comme un espace sûr. En effet, 32% des femmes travaillant dans les sites d’orpaillage considèrent que les femmes encourent le risque de harcèlement et d’agression à caractère sexuelle tandis que 30% considèrent que les femmes encourent le risque du vol et d’agression physique. Cette perception des femmes contraste avec les croyances locales et le diagnostic des leaders des sites d’orpaillage. La croyance selon laquelle la richesse et l’attractivité du jura (site d’orpaillage) sont liées à la valeur féminine et que les orpailleurs sont tenus de considérer et de respecter toutes les femmes pour espérer retrouver de l’or est répandue dans les sites et les tumbulman (chargé de sécurité de sites) sont censés veiller à la sécurité des femmes mais souvent dans le seul but de garantir de l’or en abondance. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les femmes sont interdites de rester au site au-delà du coucher du soleil. Malgré ces mesures, celles-ci se sentent en insécurité du fait de leurs expériences personnelles relatives à la violence physique, sexuelle ou psychologique. Aussi, les jura et la communauté (espace d’habitation) sont inséparables et ce dernier est souvent l’espace le plus favorable à la réalisation des interdits en toute impunité. Les zones d’habitation sont ainsi marquées par l’insécurité, le trafic de personnes et de produits prohibés, le banditisme et les violences sexuelles dont les femmes sont le plus souvent les victimes. Les cas de violences sont souvent étouffés et ils aboutissent rarement à des procédures judiciaires qui pourraient attirer les forces de sécurité dans les communautés.
L’étude a également montré que la pénibilité du travail d’extraction de l’or et l’accès limité aux moyens de transport affectent négativement la santé des femmes, souvent victimes de fausses couches et de vieillissement précoce. A cela s’ajoute l’utilisation des produits chimiques tels que le mercure dans le processus d’extraction de l’or en poudre, ce qui expose plus les femmes qui se trouvent au bout de la chaîne (lavage et filtrage). Même si personne n’admet avoir utilisé du mercure, aucune alternative de traitement de l’or en poudre n’a été trouvée dans les sites étudiés

Des femmes qui captent les résidus que les hommes la valeur
Une analyse de la composante revenus de la mine artisanale fait apparaître une inégalité défavorable aux femmes avec une score 66/100. Les données montrent que le salaire des hommes dans le secteur de la mine artisanale représente 1,5 fois celui des femmes. Du fait de leur accès limité aux fonctions les mieux rémunérées (propriétaire, chargé de sécurité, creuseurs), les femmes se concentrent sur des activités résiduelles et de ce fait gagnent moins que les hommes. Même si la loi ou les croyances n’empêchent pas les femmes d’être propriétaires de dama (puits), les exigences liées à l’exploration, aux démarches administratives d’obtention de la carte d’orpailleur et à la présence sur le site pour contrôler les activités de son puits constituent des obstacles au statut de damatigi (chef de puits) pour les femmes. Le plus souvent, les femmes sont cantonnées aux activités se rapportant à leurs tâches domestiques tel le puisage, le balayage, le tamisage, le lavage et le filtrage à la recherche de résidus d’or que les hommes ont laissé derrière eux ou que les eaux ont entraîné dans un cours d’eau. Elles ont du mal à avancer dans les rôles et responsabilités qui nécessitent du capital parce qu’elles dépensent le plus souvent les revenus tirés de l’orpaillage dans l’éducation des enfants et dans l’alimentation de la famille, contrairement aux hommes, plus enclins à investir une partie de leurs revenus dans des actifs physiques.
Des filles plus exposées à la déperdition scolaire et au travail des enfants que les garçons
La composante liée au travail des enfants dans les sites d’orpaillage a le score le plus élevé de la dimension même si elle reste insuffisante (75/100) traduisant une présence des filles dans le secteur de la mine artisanale plus fréquente que celle des garçons. Les tumbulman en charge de la sécurité veillent à ce que les enfants ne travaillent pas sur les sites d’orpaillage mais tout semble prouver que les mesures mises en place visent à éviter les accidents des enfants plutôt que de lutter contre le travail des enfants. Les jeunes filles qui aident leurs mères dans l’alluvionnaire au vu et au su de tout le monde dans le site de Kharakhéna en est une illustration. Aussi, les enfants participent au processus de broyage et de lavage dans les communautés où la plupart des familles disposent d’un espace d’exploitation dans l’arrière-cours ou dans les alentours de la maison.